• En ce quinze février 1649, l’hôtellerie de la Croix de Fer à Baigneux les Juifs est en émoi. A près de soixante dix ans, Maître François Moreau se meurt. Celui-ci est bien connu de tous à Baigneux. Il y est praticien expert en procédures judiciaires et côtoie ainsi fréquemment Jean Davignon le Prévôt, Pierre Armedey le Procureur du Roi et aussi Bernard Boilleau le greffier et Claude Naudot le sergent. Il est marié avec Elisabeth Rouhier dont la famille est également respectée puisque Germain Rouhier son oncle a été pendant longtemps Juge Prévôt et maire de Baigneux. Son père Humbert Moreau possédait cette grande maison avec une tour au dessus des halles . Il en a hérité mais n’y habite plus depuis qu’il l’a vendue au Seigneur François Blondeau il y a 16 ans. Aujourd’hui il  est venu rendre visite à sa sœur Claudine Moreau femme de Claude Beguin,  maître de ce lieu de la Croix de Fer où l’a pris ce terrible malaise.

    On est allé prévenir le curé Gautherot.

    La nouvelle a déjà fait le tour de Baigneux :

    - « François Moreau est au plus mal et le curé va lui administrer le saint Sacrement ».

    Le curé accourt accompagné de Jacques Larceneur l’officier du Saint Sacrement.

    Il y a foule autour de François Moreau ; au premier rang se tient le jeune François Chériot le fils de Claude l’aîné le boulanger, un peu derrière Mathie Guénebault la fille de feu Pierre Guénébault le tailleur d’habits, tient un cierge allumé ; dans l’assistance il y a aussi Catherine Nauldot la femme de Maître Claude Siredey le notaire et bien d’autres encore, même la toute jeune servante du lieu qui n’est pas du pays (elle vient d’Aignay) a tenu à assister à la cérémonie. L’assemblée est recueillie lorsque Monsieur le curé s’approche de François Moreau pour lui donner le précieux corps de Dieu. François Chériot se recule un peu pour laisser de la place. Sentant alors ses cheveux brûler il porte vivement la main à sa tête pour éteindre le feu et se faisant casse le bout du cierge de Mathie Guénebault qui furieuse lui donne alors un coup sur la tête.

    Les choses auraient pu en rester là si après la cérémonie Mathie Guénebault n’avait couru après François Chériot en le traitant de petit pendard, en lui ordonnant de payer son cierge cassé et surtout en le frappant, le tirant par les cheveux et le faisant tomber par terre.

    Ce que voyant les familles et d’autres habitants de Baigneux s’en mêlent. Arrive Claude Guénepin la mère de Mathie Guénebaut qui essaie d’éloigner sa fille et lui donne même quelques coups.  Catherine Nauldot la femme de Claude Siredey essaie également de calmer Mathie Guénebault. Claudine Michelin la veuve de Claude Martin essaie de protéger François Chériot. Arrive alors la mère de François Chériot, une autre Claudine Guénepin en fait la nièce de la première et donc la cousine de Mathie, qui tient une pierre à la main la jette sur Mathie Guénebault. Les deux femmes se prennent alors par les cheveux. Les frères de Mathie, Philibert et Noël arrivent frappent et poussent François Chériot et font rentrer leurs mère et sœur à la maison.

    On emmène alors François Chériot chez Maître Antoine Lacoste l ’apothicaire pour le soigner.

    Le lendemain les Chériot portent  plainte auprès du prévôt, les faits sont relatés par les plaignants et une information est ouverte au cours de laquelle nombre de témoins déposent pour ce qu’ils ont vu. Certains comme Catherine Nauldot et la servante ont assisté à l’incident lors de la cérémonie, d’autres ont assisté de l’endroit où ils se trouvaient aux évènements qui se sont déroulés dans la rue.

    Quelle qu’ait  pu être la conclusion de cette affaire, elle a mis en présence une grande partie des familles de Baigneux dont les noms se retrouvent dans l’histoire du village  - Moreau, Rouhier, Béguin, Guénépin, Guénébault, Chériot, Martin, Durand, Nauldot, Siredey, Larceneur, Langineux, Ladey, Coignot, Maurice -  et dont l’étude montre qu’elles sont alliées, qu’elles l’ont été ou qu’elles le seront !

    Au fait que devient François moreau ?

    Mis en forme à partir d’un fait extrait  des registres du greffe de la prévôté royale de Baigneux-les-Juifs (AD21 B II/299).

    Catherine ETIENNE/Geneviève LEFEBVRE


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  • Le 30 mars 1658 est un samedi, c’est jour de marché à Baigneux mais ce n’est pas le bruit des marchands s’installant sous les halles qui ont éveillé Antoine Lacoste chirurgien et apothicaire car il n’a guère dormi cette nuit ni celle d’avant d’ailleurs. Le souvenir de ce jeune suisse le poursuit. Qu’aurait-il pu faire d‘autre ? Aurait-il pu le sauver ? Même son confrère Edme Guénebault chirurgien à Cessey lui a affirmé qu’il n’aurait rien pu faire. Pourtant quand Claude Béguin l’hôtellier de la Croix de Fer est venu le chercher hier matin vers 5 heures parce qu’un de ses clients se trouvait mal, il s’est transporté en hâte avec ses instruments.

    Il a trouvé un jeune homme d’une vingtaine d’année qui se plaignait d’oppression respiratoire. Ses compagnons interrogés , lui ont dit qu’ils retournaient chez eux, à Bâle en Suisse après un voyage d’affaire en Angleterre, qu’ils étaient arrivés la veille et avait pris logis à la Croix de fer vers six heures du soir, y avaient soupé avec deux autres clients et que leur ami semblait bien se porter. Dans la nuit il s’est agité et a commencé à se plaindre et à étouffer. C’est donc après s’être concertés qu’ils ont réveillé l’hôtellier pour lui demander de l’aide. Immédiatement Claude Béguin est venu le quérir, lui, Antoine Lacoste, celui qui connaît les maladies et les remèdes.

    Après avoir pris la mesure du mal, il a immédiatement appliqué le meilleur remède qu’il connaisse pour ces symptômes : un lavement. Malgré donc ces soins rapides et compétents, le jeune homme est décédé peu après.

    Il a fallu informer Daniel Armedey, le procureur du roi, qui est venu avec le greffier Bernard Boilleau et un des sergents de la prévôté, Claude Nauldot, pour constater le décès, procéder à l’inventaire des biens du défunt et pourvoir à sa sépulture.

    Un décès un peu soudain est toujours un peu inquiétant, c’est pourquoi le procureur du roi a ordonné que le corps du jeune suisse soit examiné intérieurement et extérieurement par deux chirurgiens pour déterminer la cause du décès. A Antoine Lacoste s’est joint Edme Guénebault, autre chirurgien compétent puisqu’il a bénéficié de l’enseignement de son beau-père Jean Loriot (estimé par tous pour ses talents de chirurgien qu’il a longtemps exercés avant de se consacrer depuis environ 2 ans à sa charge de maire de Baigneux).

    Les deux hommes de l’art ont donc procédé à l’examen et c’est  après avoir longtemps discuté qu’ils ont conclu, car leur diagnostic est sûr maintenant : ce jeune homme est mort d’un débord de cerveau qui se serait jeté dans la capacité de la poitrine.

    Le procureur du roi est donc rassuré sur la cause du décès, mais il doit maintenant faire face à un autre problème, en effet ces voyageurs suisses sont protestants et la mise en terre catholique va poser un problème.

    C’est Daniel Maurice, le notaire qui fait actuellement office de prévôt parce que Jean-Baptiste Beguin est absent qui devra statuer sur le sujet et certainement imposer à tous que ce jeune homme soit enterré dans le cimetière bien qu’il soit de la religion prétendue réformée.

    Donc Antoine Lacoste revit maintenant cette longue journée d’hier et malgré les propos rassurants de son confrère, il ne peut s’empêcher de repenser aux symptômes que présentait le jeune homme. Et il se prend à douter du remède qu’il lui a administré.

    Aurait-il du plutôt lui faire une saignée ?

    Mis en forme à partir d’un fait extrait  des registres du greffe de la prévôté royale de Baigneux-les-Juifs (AD21 BII299)

    La trame est réelle, la description clinique, le diagnostic et le remède également, seule la conclusion est inventée.

    Catherine ETIENNE/Geneviève LEFEBVRE


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